Aurélie MENALDO
Climate Canary

Commissariat
Vincent Gobber
Exposition du 4 mai au 1er juin 2019

Je travaille avec les objets triviaux du quotidien révélant leur propre imaginaire en fabriquant des espaces instables. Sculpture-mobilier, structure-décor, les références et les points d’accroche au réel s’entremêlent pour laisser comme un malaise. Pour s’en approcher et les saisir du regard, il faut accepter d’abandonner un peu de contrôle et d’aller au contact de formes, de « machins » qui s’adressent plus au monde des sensations qu’à celui de la compréhension.

Aurélie Menaldo


On le sait bien, les artistes sont des prêtres laïques. Leur tâche consiste à tracer un cercle sur le sol et indiquer à la communauté l’unité qui la fonde. Cette unité prend racine dans notre environnement immédiat ; les dieux sont d’abord les dieux locaux, les dieux du pays — de sorte qu’on a pu qualifier certaines religions de païennes (de paganus, « du pays »).

Notre Athéna stéphanoise, centre situé à la périphérie formée par la voie ferrée, c’est évidemment le crassier. Étrange déesse des forêts du sous-sol, utile à la forge, au foyer et à la guerre. Nous fêtons Sainte-Barbe, mais ce n’est que l’autre nom de la déesse bona dea, la bonne déesse.

L’Art comme la religion sont l’occasion de renouveler notre piété à l’égard des saines idoles. Non pas un Veau d’or, mais un mur de charbon. Il y a les pierres votives. Et il y a le sacrifice, forcément, qu’exigent les dieux : le canari, dont le sort des poumons fera la bonne ou la mauvaise augure.

Tout est ici organisé comme un temple, dans lequel nos dieux, plus ou moins anciens, mineurs ou majeurs, ne sommeillent plus.

Frédéric Montfort, 2019

aureliemenaldo.org