du 16 septembre au 21 octobre 2011
en résonance avec la Biennale d’art contemporain de Lyon
Bayrol Jiménez est né à Oaxaca, Mexique, en 1984. Après un cycle d’études à la prestigieuse École des Beaux-Arts de Mexico et diplômé de la Villa Arson à Nice, il a exposé dans de nombreuses institutions au Mexique, aux États-Unis, en Espagne et en France et a participé à de nombreux événements artistiques comme la Biennale d’art contemporain de Bogota, le 54e Salon d’art contemporain de Montrouge et la Foire d’art contemporain de Shanghai. Son exposition à l’Assaut de la Menuiserie est sa seconde exposition personnelle en France. Il a choisi d’orienter son projet sur le branding. L’implantation massive de grandes marques internationales de luxe dans les pays émergents a provoqué de grandes métamorphoses sociales liées au fait que la majorité de la population locale ne peut se permettre d’y avoir accès. Un besoin de la population de porter, d’afficher ces marques de luxe pour paraître, pour être digne d’une classe sociale a fait se développer une quantité de marchands ambulants dans la rue vendant des produits de contrefaçon, fabriqués en Chine, à des prix très abordables.
Conscient d’un phénomène qui risque de bouleverser profondément les mentalités de ces jeunes pays, Bayrol Jiménez a choisi de mêler dans ses dessins les logos de ces grandes marques aux symboles de son pays d’origine, le Mexique. Il réalisera également un film sur cette idée de branding en proposant aux commerçants de la Ville de Saint-Étienne de peindre sur leur devanture un logo « hybride ». L’œuvre de Bayrol Jiménez relève de la contamination, du rhizome, du débordement, de l’expansion, de la métastase. À partir d’un premier trait posé sur la feuille de papier ou à même le mur, l’artiste se laisse aller, pour reprendre ses termes, à la formulation d’une « masse en croissance ». Aucune prévision ne vient sous-tendre ses constructions graphiques. Son dessin est dans un devenir perpétuel. Rien ne semble l’entraver. Ni les délimitations du support que l’artiste n’hésite pas à transgresser, ni les enveloppes architecturales dont il sait renégocier la part de contenant à des fins de contenus. Son iconographie répond à un même besoin de liberté et de désenclavement. Peuplés d’êtres mystérieux – « j’utilise les paradoxes, les cauchemars et mes rêves fantastiques afin de parler de la mythologie quotidienne en employant le registre du macabre et du fétichisme » -, son œuvre s’appuie en outre sur des ressorts religieux et nostalgiques. Les images de dévotion y tiennent ces derniers temps une place prépondérante Au Mexique, où « seuls des miracles pourraient arranger les choses », les images dévotionnelles sont porteuses d’une dimension palliative et se voient investies d’une fonction sociale. Au-delà d’un facteur kitsch auquel un regard « moderniste » serait tenté de les résumer, ses dessins et peintures génèrent ainsi un « espoir ». Soit une perspective pour le moins délaissée par l’iconographie contemporaine à laquelle l’œuvre de Bayrol Jiménez confère une surprenante survivance.
Erik Verhagen
Photographies © Cyrille Cauvet
bayroljimenez.com